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Blog politico-juridique

Cote D'Ivoire: Ouattara et l'emergence de facade.

Publié le 3 Août 2013 par Nick de Bessou

Côte D’Ivoire : Ouattara et l’émergence de façade.

Le Chef d’état M. Ouattara a fait de l’émergence de notre pays la priorité des priorités. Une sorte d’obsession pathologique pour lui et ses suiveurs. Qu’en est-il de l’émergence ? Avons-nous réuni les conditions ? Où en sommes-nous ? Quels sont les grands chantiers et les lois pertinentes ?

Le programme de gouvernement du Chef d’état ivoirien est quasi-inexistant ou si cela existe est notoirement mal conçu, pensé et exécuté. Les tenants du pouvoir nous laissent perplexes quant à la santé économique de notre pays. Tantôt 8.25% de croissance économique, tantôt 9.80%. Aucun effet sur les populations encore moins sur les services publics. Le chômage a atteint le seuil de l’intolérable avec 4 millions de diplômés sans emploi. Le recrutement dans la fonction publique se fait sur fond ethno-religieux. Les plus méritants intellectuellement sont malicieusement écartés pour n’employer que les plus méritants des supporters de la rébellion et la guerre contre notre pays.

Les opérations douanières sont inconnues. Pas de chiffres officiels disponibles comme par le passé sous l’administration Gbagbo. Le pays est totalement occupé par la horde de FRCI et Dozos, d’où la réunification dans les faits des 2 zones d’influence politique et économique. Les recettes douanières devraient connaitre un boom, une inflation positive au-delà des prévisions ou chiffres du gouvernement Gbagbo. Que se passe- t-il réellement ? Pourquoi tant d’opacité autour de notre économie ?

L’industrie agro-alimentaire est essentiellement aux mains des Libanais et autres investisseurs occidentaux. Le gouvernement n’a aucune politique agricole et/ou industrielle claire et définie. Aucune loi, aucun programme. Pas d’engouement pour la modernisation de l’agriculture et sa mécanisation. Aucun séminaire ou colloque sur l’agriculture, l’industrialisation et la recherche sur les plantes hybrides. Rien de tout ceci. Au contraire, l’on nous sert à longueur de journée des ministres ventrus et imbus de leur personne pour nous pomper l’air avec des chiffres manipulés à souhait.

Pour le Chef d’état ivoirien et ses analphabètes de suiveurs, le pays a déjà amorcé l’émergence depuis la prise de pouvoir en avril 2011. Toujours selon eux, le programme portant sur l’émergence a véritablement débuté bien avant l’investiture du 6 mai 2011. Les ivoiriens doivent patienter pour constater les retombées financières de cette émergence.

Les multiples voyages du Chef d’état à l’extérieur ont accouché d’une souris. Il aura frappé à toutes les portes en vain pour relever l’économie agonisante du pays, lui l’homme providentiel au carnet d’adresses de personnalités de renommée internationale et le chouchou de la communauté internationale.

L’économie du pays est et demeure sous perfusion malgré les chiffres avancés par le gouvernement et les prêts octroyés par la France et l’Union Européenne. Qu’est ce qui ne va donc pas dans notre économie et pourquoi les ivoiriens ne ressentent pas dans les poches et assiettes cette croissance à double chiffre ? Quelle est la véritable politique économique du gouvernement ivoirien ? Ont-ils une politique économique quelconque ? Pourquoi cela échappe-t-il aux experts de l’économie ?

Nous avons l’expression que ce gouvernement fait un travail d’amateurs en maquillant les chiffres et la croissance économique. Ils ne sont pas eux-mêmes convaincus du succès de leur génie ou talent d’économistes. Comment peuvent-ils nous vendre un produit dont ils ignorent tout ? Là se trouve toute la problématique. Cependant, l’on nous raconte que le pays avance, qu’il est au travail ou qu’il est sur la voie de l’émergence pour 2020. Comment parler d’émergence lorsqu’on n’a aucune souveraineté monétaire, aucun programme de gouvernement, aucune politique économique afin d’amorcer l’émergence ou qu’on n’a jamais pu réunir les conditions nécessaires pour une économie forte et stable ? Les experts en économie et les cellules de réflexions comme le FDRC se posent bien ces questions pertinentes vue la démarche maladroite et amatrice du gouvernement ivoirien. L’ont-ils fait pour se donner bonne conscience ou pour distraire les populations qu’ils maitrisent le concept économique et qu’ils font mieux que le gouvernement précédent ?

Pouvons-nous comparer les deux gouvernements en termes de performance économique ?

L’un avait la moitié du pays sous son contrôle et ses ressources financières amoindries. Cependant, il payait les fonctionnaires d’état, leur octroyait des avantages et finançait des projets clés tels la construction de l’autoroute du nord, la construction de la maison des députés, le transfert de la capitale à Yamoussoukro, l’hôpital international de Gagnoa, l’échangeur de la Riviera et bien d’autres projets. L’autre par contre, a tout le pays sous son contrôle, mais incapable de gérer les recettes douanières et financières ou fiscales aux mains des ex Com, d’investir dans des projets émanant de son programme de gouvernement tels la construction d’une université par an, les soins gratuits, le logement décent etc. Pour l’instant, ce gouvernement s’approprie les projets du Président Gbagbo qu’ils inaugurent à grandes pompes sans gêne, honte et humilité. Ils préfèrent peindre de vieux bâtiments à hauteur de 110 milliards de FCFA, construire des prisons et reprendre les projets du Président Gbagbo afin de passer pour des bâtisseurs. Telle est la réalité. Que retenir des performances économiques de ces deux gouvernements pour l’individu lambda et le panier de la ménagère ?

Le gouvernement ivoirien actuel soutient que l’argent travaille et qu’il ne circule pas. Nous nous demandons où cet argent travaille et pour le compte de qui ? Comment un gouvernement peut-il injecter de l’argent dans le système financier ivoirien sans que cela n’ait de répercussions sur les populations ? Soit il n’y a jamais eu d’argent injecté dans le système ou soit la situation économique de notre pays est catastrophique. Si c’était le cas, les tenants du pouvoir auraient pu avoir le courage d’en parler avec les populations afin que celles-ci prennent la posture appropriée pour adopter les mesures d’austérité. C’est justement cette opacité autour de la vraie sante économique de notre pays qui anime le FDRC à acculer le pouvoir actuel.

Les fonctionnaires de l’état ivoirien furent déçus et humiliés ce mois-ci. Ils furent incapables de percevoir leur salaire. Les banques telles la SGBCI furent prises d’assaut des heures durant par les fonctionnaires. Ces banques manquent gravement de liquidité afin de faire face à leurs obligations. Elles furent contraintes à réduire de moitié voire du tiers le salaire à verser à ces clients. L’argent se fait très rare même pour les grandes banques de la place.

Selon le journaliste d’investigation, Théophile Kouamouo sur Ivoire-Blog du 3/08/13 intitulé « En Côte d'Ivoire, une croissance artificielle portée par l'endettement » :

« Les données de la BCEAO nous indiquent qu'entre 2011 et 2012, les "salaires et traitements" des fonctionnaires sont passés de 720 milliards de FCFA à 940 milliards de FCFA (soit 30%), alors qu'il n'y a pas eu de hausse significative officielle des rémunérations des agents de l'Etat et que les recrutements ont été officiellement quasi-gelés. S'agit-il du coût de l'insertion des ex-rebelles dans les fichiers de la paie publique ? S'agit-il de détournement de fonds publics déguisés ? En tout cas, cette augmentation représente, à elle seule, la moitié des financements extérieurs octroyés à l'Etat de Côte d'Ivoire en 2012 ».

Apres lecture de ce qui précède, l’on est tenté de savoir pourquoi l’état ivoirien est incapable de payer ses fonctionnaires et agents de l’état ? Si la croissance économique est à hauteur de 9.80%, cela ne reviendrait-il pas à soutenir que l’état maitrise le flux financier ? Sommes-nous « émergents » sur papier mais en réalité très pauvres et surendettés ?

L’on a coutume de dire qu’on apprécie le vrai bâtisseur au pied du mur. L’économiste sinon l’économe international venu du FMI, M. Ouattara, est notoirement incapable de redresser l’économie du pays dont il a la charge. Comme par le passé en sa qualité de Premier Ministre de 1993-1999, il fut encore incapable de juguler la grave crise économique que traversait le pays. Il est cependant normal et approprié de soutenir ici, qu’il est incapable de résoudre la crise financière du pays, lui l’homme des finances dont on attribuait des compétences de génie pour avoir servi à la BCEAO et au FMI. L’on l’a vu au pied du mur et il a plutôt étalé ses lacunes, tares et incompétences notoires. Par conséquent, il n’est pas un bon bâtisseur mais plutôt un apprenti ou amateur financier.

Notre économie, nous le craignons, n’est pas en de bonnes mains. La Côte D’Ivoire est gérée par des amateurs politiques et économiques qui se donnent des airs d’intellectuels et d’experts. Ils sont aujourd’hui rattrapés par leurs incompétences, mensonges, délation, manipulation et propagande. Il ne pouvait en être autrement pour un gouvernement venu au pouvoir par la force des armes et non pour avoir séduit l’électorat avec un programme de gouvernement alléchant ou visionnaire ou révolutionnaire. Les ivoiriens doivent tirer les leçons de cet échec patent et prendre les mesures appropriées qui s’imposent à eux.

Le Forum pour la Démocratie et la Résolution des Crises (FDRC) :

  • Interpelle le Chef d’état ivoirien à s’adresser aux populations dans un langage clair et sans ambiguïté en ce qui concerne l’état ou la santé économique de notre pays. Mettre un terme à la manipulation des chiffres et à la propagande.
  • Interpelle le Chef d’état à mettre sur pied une commission nationale composée d’experts économiques, chargée de se pencher sur les problèmes sociaux liés à l’économie et y apporter des propositions ou solutions idoines.
  • Interpelle le Chef d’état à restaurer les conseils généraux et leur apporter le financement adéquat et nécessaire afin de développer les différentes régions et mettre un terme à la centralisation du pouvoir.
  • Interpelle le Chef d’état à rencontrer les partis de l’opposition afin de recueillir leurs propositions sur la bonne marche économique du pays. Faire de ces rencontres, des rencontres régulières afin que les populations constatent le rapprochement entre l’état et l’opposition pour le bien-être des ivoiriens. L’économie de la Côte D’Ivoire n’est pas une affaire du RDR mais plutôt de toute la classe politique ivoirienne et de la société civile.

  • Veillera à résoudre par la négociation, dialogue, explications et dénonciation les crises et conflits nés du déficit démocratique en Côte D’Ivoire.

  • Réitère son attachement au processus de démocratisation et à la résolution des crises en Afrique et en Côte D’Ivoire en particulier.

  • Rappelle à tous qu’il est une cellule intellectuelle, scientifique et politique créée le 22 mars 2013 à Londres, Royaume Uni.

Fait à Londres le 02 Août 2013.

Nick De Bessou

Juriste et Anthropologue Politique.

Président du FDRC.

Forum pour la Démocratie et la Résolution des Crises (FDRC).

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