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Blog politico-juridique

Alliance PDCI-FPI et Elections Presidentielles de 2015: Avons-nous reuni les conditions?

Publié le 29 Juillet 2013 par Nick de Bessou

Alliance PDCI-FPI et Elections Présidentielles de 2015 : Avons- nous réuni les conditions ?

Il est de plus en plus question d’une éventuelle alliance entre le PDCI-RDA d’Houphouët-Boigny (parti de droite) et le FPI de Laurent Gbagbo (parti de gauche). Ces partis politiques n’ont pas la même idéologie ou la même conception de la démocratie et la gestion des affaires d’état. Cependant, pour des raisons hautement souverainistes donc dans un souci de sursaut national, les deux grands partis politiques qui représentent et regroupent dans les faits les vrais fils et filles du pays, ont décidé d’enterrer la hache de guerre et faire un front commun contre le RDR, parti historiquement reconnu pour sa violence, ses coups tordus, sa rébellion et ses agissements génocidaires et liberticides.

Les déclarations et communiqués des dirigeants du PDCI et des leaders de la jeunesse se succèdent et vont train. Ces hommes politiques ne ratent aucune occasion pour afficher leur désir de voir le PDCI présenter un candidat aux échéances électorales de 2015. Pour l’instant, ils s’activent dans leur différents quartiers généraux afin d’affuter leurs stratégies pour évincer le Sphinx de Daoukro, frappé par l’article 35 des textes de son parti et son âge avancé. Il transparait clairement deux courants au sein du PDCI-RDA : Celui de Kouadio Konan Bertin (KKB), Alphonse Djédjé Mady et les leaders de la jeunesse PDCI en exil d’une part et celui d’Henri Konan Bédié et les vieux caciques du pouvoir, d’autre part. En réalité, ces courants politiques s’accusent mutuellement d’être des pro-bété (KKB et Djédjé Mady) et pro-Baoulé (Bédié et les autres vieux baoulés du parti). Il est intéressant de savoir que le congrès de ce parti prévu pour bientôt sera âprement disputé sur les bases ethniques et non sur la compétence ou l’intérêt supérieur de la nation. Le clan de KKB est foncièrement pour une alliance FPI-PDCI pour mettre hors d’état de nuire le parti le plus nocif de l’histoire des partis politiques, le RDR et son mentor, le Chef d’état M. Ouattara. Quant au clan Bédié, ils sont favorables au statu quo au sein du RHDP avec certainement une candidature unique, celle de M. Ouattara et le PDCI jouant le second rôle. En d’autres termes, le PDCI ne voit pas les choses de la même manière ou du moins la misère des ivoiriens n’intéresse qu’une frange de ce parti, en l’occurrence le clan KKB. La question qui revient sur les lèvres est de savoir si les militants du PDCI doivent opter pour le clan KKB, taxé de pro-Bété ou pro-Gbagbo afin de libérer le pays ? Est-il temps au sein du plus vieux parti politique de se détacher de la succession akan, celle des Baoulés ou élargir la succession aux autres groupes ethniques ? Là se trouve la toute la problématique.

Le FDRC s’oppose à toutes formes d’instrumentalisation des groupes ethniques dans le jeu politique. Cela pourrit l’atmosphère comme c’est le cas de nos jours avec le rattrapage ethnique. Sommes-nous prêts à pérenniser ces lacunes ou tares qui freinent le développement de notre pays ? Sommes-nous suffisamment matures pour permettre à tous les groupes ethniques de proposer des talents et génies issus de leur rang pour diriger notre pays ? Sommes-nous prêts à voter pour un Yacouba, un Abbey, un Gueré, un Ebrié si ce candidat a les compétences, la connaissance du terrain et des populations et l’amour pour sa patrie ? Allons-nous voter scientifiquement ou sur des bases ethniques ou religieuses ? Tel est le véritable débat que suscite le challenge entre KKB et son père politique, Bédié. Pour l’instant, nous les observons et suivons avec beaucoup de passion et d’intérêt la tournure sinon le vainqueur du prochain congrès du PDCI-RDA.

Le Chef d’état M. Ouattara est déjà en pré-campagne pour les échéances électorales de 2015. Il a officiellement annoncé sa candidature sans même attendre le congrès de son parti. Apparemment, c’est comme cela les choses opèrent dans son parti qui ne sait rien du BA BA politique. Un parti politique accidentellement parachuté dans la sphère politique avec des retombées catastrophiques et meurtrières. Le Chef d’état ivoirien fut incapable de définir sa politique ou son programme de gouvernement aux ivoiriens. L’on se demande comment un parti politique aussi nul politiquement et sans fondement démocratique puisse élaborer un projet de gouvernement, un texte aussi complexe par des analphabètes et pseudo intellectuels qui font la majorité de ce groupe politique. Le temps nous a donné raison, nous les observateurs de la vie politique ivoirienne, depuis l’accession au pouvoir de ce parti moribond. Les tenants du pouvoir ont échoué dans tous les domaines depuis l’économie, l’emploi, le chômage, l’éducation, la démocratie, la sécurité des biens et personnes, les droits de l’homme à la réconciliation. Ils sont passés maitres dans la haine, la vengeance, la violence gratuite, l’abus des droits de l’homme, la traque, les enlèvements et les exécutions sommaires. Il est même difficile aux caciques de ce parti de présenter les grands chantiers de leur programme de gouvernement. Les ivoiriens qui pour une raison ou une autre souhaitaient un changement à la tête du pays, furent servis par la médiocrité dans toutes ses formes. Ils regrettent amèrement le choix opéré au soir du 28 novembre pour un candidat leur promettant monts et merveilles et qui en retour apporte toute sa loyauté à ces militants, à son armée et aux ressortissants de la sous-région. Pouvons-nous la main sur le cœur parler d’un bon bâtisseur en la personne de M. Ouattara ? A-t-il pu en tant que Chef d’état mettre en œuvre son programme de gouvernement pour le bonheur des millions d’ivoiriens qui l’ont voté ? A-t-il pu rassembler les ivoiriens de tous bords politiques afin de sortir la mère partie de la profonde léthargie et sa division maladive ? A-t-il pu restaurer l’état de droit, la démocratie et l’égalité entre les populations, tares qu’il imputait à son prédécesseur ? Nous attendons des réponses claires et sans ambiguïtés là-dessus. Pour l’instant, après des milliers des nôtres morts par ses soins, le pays va à la dérive voire à la ruine. Incapable de juguler les problèmes chers aux ivoiriens, il passe le clair de son temps, aux frais de l’état, à effectuer des voyages qui n’apportent rien en termes de plus-value aux ivoiriens mais plutôt de la détente et repos pour « l’infatigable bâtisseur » de la Côte D’Ivoire moderne, l’homme qui fera de notre pays une nation émergente en 2020 sans même remplir les conditions. Sans aucune gêne ou humilité politique, il annonce tambour battant sa candidature pour 2015.

Le Chef d’état ivoirien prétend être le favori des élections de 2015, surtout qu’il a dans sa poche un grilleur d’arachides qui n’a aucune intégrité morale, trainant des scandales financiers comme l’on traine des casseroles, pour lui accorder le plébiscite. Pour cela, l’appareil électoral fut minutieusement maintenu dans l’état afin de garantir une victoire éclatante. La CEI est toujours aux mains du RHDP à hauteur de 99%. Le Conseil Constitutionnel est aux mains d’un allié de taille en la personne du Professeur Francis Wodié. En d’autres termes, c’est le Chef d’état qui organise les élections de 2015. Il décidera de l’éligibilité des potentiels candidats et marginaliser les candidats qui pourraient freiner ses velléités présidentielles. Le Chef d’état souhaite de tout son cœur remporter les élections de 2015 afin de confirmer à sa communauté internationale qu’il a toujours le soutien des ivoiriens. Pour cela, il a bataillé dur en 2011 et 2013 pour écarter le FPI des élections législatives et municipales. Il est encore prêt à récidiver pour maintenir le statu quo afin d’écarter le FPI. Le financement de ce parti est bloqué depuis deux années. Il bataille dur pour embastiller et maintenir hors du jeu politique, les gros calibres de ce parti. Sa presse tribale et ses griots tels Joël N’Guessan et Amadou Soumahoro font mains et pieds pour diaboliser, intimider et fragiliser ce parti. Toute la machine RDR est mise au service de la destruction du FPI. Aussi, pour maintenir la terreur, des descentes expéditives sont faites dans les prisons pour éliminer les opposants sous prétextes de fomenter un coup d’état depuis la prison. Pour se justifier, ils parlent tantôt de tentatives d’évasion ou de prisonniers armés jusqu’aux dents. C’est le seul pays au monde où les prisonniers politiques sont plus armés que leurs gardes. Pour pallier à cela, le Chef d’état nous promet la construction de 10 nouvelles prisons en lieu et place des universités, des hôpitaux, des routes, des ponts, des logements décents etc. Le Chef d’état aime tellement les ivoiriens qu’il les logera gratuitement dans les prisons afin de les rééduquer. En ce qui concerne les apatrides, la prunelle de ses yeux, ils auront tous les honneurs dus à leur souffrance y compris la nationalité, les titres fonciers et l’autorisation expresse de narguer les autochtones.

L’alliance PDCI-FPI sera de courte durée si l’on ne prend garde aux agissements du Chef d’état et son entourage. Il a déjà pris les mesures nécessaires pour faire échouer ce sursaut national. Le congrès du PDCI sera en réalité le congrès du RDR afin de confirmer dans les faits la candidature unique de M. Ouattara. Le financement du congrès, le lieu et les hommes qui pèseront en faveur d’une candidature unique sont déjà connus et dans les bonnes grâces du Chef d’état. M. Ouattara a coutume de dire qu’ « un Ouattara tient toujours ses promesses ». Il a promis aux ivoiriens d’être candidat en 2015. Les promesses, il les tient toujours. Il avait promis la chute du gouvernement Bédié, il l’a obtenu. Il avait promis la chute par la force du Président Gbagbo, il l’a encore obtenu. Il n’est pas prêt cette fois-ci d’être contrarié.

L’alliance PDCI-FPI est en elle-même une bonne chose, un projet salvateur pour nos populations. Cependant, la classe politique impliquée dans l’alliance, demeure à notre sens très passive et soumise. Une élection se prépare des années en avance. On discute des conditions d’éligibilité des candidats, de l’indépendance des structures impliquées dans le processus électoral, d’une feuille de route ou d’un accord fair play en cas de victoire ou défaite d’un candidat. Toutes ces conditions doivent être réunies ou du moins débattues avant la tenue des élections. Pour l’instant, les politiques concentrent tous leurs efforts à la mise en place d’une alliance. A quoi servirait l’alliance si l’un des partis politiques est disqualifié de la course électorale ? Cette alliance mordra la poussière à coup sûr. Telle est la situation que les politiques semblent ne pas aborder avec la dernière énergie. Ils agissent comme si l’éligibilité de leurs candidats s’imposait à tous. Ils doivent se réveiller et éviter d’être des politiques réactifs. Ils se doivent d’être proactifs et le temps de le faire s’impose maintenant. Ils doivent provoquer des débats avec le gouvernement sur les conditions d’éligibilité, la bonne tenue des élections, ouvertes à tous et dans un processus de bons enfants démocrates. L’ignorer jusqu’à la dernière minute, serait suicidaire pour l’alliance qui se met en place.

Le Forum pour la Démocratie et la Résolution des Crises (FDRC) :

  • Interpelle la classe politique à ouvrir des débats ouverts et francs avec le gouvernement ivoirien afin de discuter de la bonne tenue des élections de 2015.
  • Interpelle la classe politique à dissoudre la Commission Electorale Indépendante (CEI) qui n’est pas indépendante dans les faits et trop partisane.
  • Interpelle la classe politique à s’accorder sur le choix du Président du Conseil Constitutionnel actuel afin que ce dernier proclame solennellement son indépendance et impartialité pendant la sélection des candidats et de ne pas rejeter des candidatures de personnes sous l’influence des autorités ivoiriennes.
  • Interpelle les politiques et le gouvernement ivoirien à s’accorder sur le montant exigé aux candidats afin de participer aux élections.
  • Interpelle les ivoiriens à murir politiquement en votant pour le candidat avec l’expertise, la compétence, l’amour de la patrie et pour le bien-être des ivoiriens. Mettre un terme au vote ethnique ou religieux ou régional mais plutôt être animés par l’excellence et le programme de gouvernement le plus réaliste et réalisable pour le développement du pays.
  • Veillera à résoudre par la négociation, dialogue, explications et dénonciation les crises et conflits nés du déficit démocratique en Côte D’Ivoire.

  • Réitère son attachement au processus de démocratisation et à la résolution des crises en Afrique et en Côte D’Ivoire en particulier.

  • Rappelle à tous qu’il est une cellule intellectuelle, scientifique et politique créée le 22 mars 2013 à Londres, Royaume Uni.

Fait à Londres le 29 juillet 2013.

Nick De Bessou

Juriste et Anthropologue Politique

Président du FDRC

Forum pour la Démocratie et la Résolution des Crises (FDRC)

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